Quelques dialogues presque imaginaires issus d’expériences bien trop réelles
Un étudiant étranger : « Bonjour, je suis journaliste, j’ai fait dix ans de radio dans mon pays »
Paris 8, université-monde : « Ah, non, désolé, mais votre formation est insuffisante »
Un bachelier de l’année, arrivant à Paris 8 : « Bonjour, je voudrais aller étudier à l’université »
L’université : « Allez au rectorat, nous n’avons plus de place »
Le rectorat : « Allez à Paris 8, les autres universités ont fini leurs inscriptions »
L’université : « Non, il n’y a plus de place. Et puis vous n’avez qu’un bac pro, vous risquez d’échouer »
Le bachelier : « Mais, je croyais qu’avec le bac j’avais le droit d’aller à l’université ? »
Le ministère (socialiste) : « Le droit ? Mais tu n’es ni riche ni excellent ! Pourquoi aurais-tu des droits ? »
La présidente de Paris 8 et ses conseillers : « Il nous faut créer des liens avec le territoire »
Un habitant du quartier : « Quelle bonne idée, qu’allez-vous faire ? »
La présidente : « Demander
de l’argent à la communauté d’agglomération, au département et à la
région pour créer des partenariats avec notre entreprise – euh, pardon,
notre université »
Un étudiant : « Mais
alors pourquoi voulez-vous dépenser 2 millions d’euros par an pour
rajouter des grilles, des caméras, des détecteurs, des gardes autorisés à
fouiller les visiteurs comme les usagers ?
Pourquoi
décidez-vous que l’université ne sera plus "un espace ouvert et
librement accessible au public" comme Paris 8 l’a toujours été ? »
La première conseillère : « Mais
voyons, ça n’a rien à voir ! Il faut bien sécuriser pour s’ouvrir sur
le territoire ! Et puis de toute façon, les contrôles ne seront pas
systématiques, ne vous inquiétez pas… »
L’étudiant : « Ah
bon, très bien… Mais dites-moi, si les contrôles ne sont pas
systématiques, quels seront vos critères pour juger qui contrôler ? »
La conseillère : « … »
L’étudiant : « Parce que soit un contrôle est systématique. Soit il a des critères »
La conseillère : « Il y a ces gens, avec qui il y a des problèmes, vous savez… »
L’étudiant : « Ben,
non, je ne sais. Je sais que s’il n’y a pas de critères explicites,
c’est qu’il y a des critères implicites. Ça a un nom. On appelle ça des
contrôles au faciès »
La conseillère : « Comment osez-vous, je ne suis pas raciste ! »
L’étudiant : « Ça, je ne sais pas. Mais s’il n’y pas de critères, ce sont des contrôles au faciès »
L’université, espace de liberté ? L’éducation, support d’émancipation ? Que tu crois !
Le
pouvoir en a marre du savoir – il préfère la compétence et
l’excellence, détaillables à volonté en petites pièces parcellisées,
mesurées, évaluées, pour main-d’œuvre corvéable et hommes de main sans
états d’âme.
La présidence ne veut plus de dissidence… Juste te former, pour mieux te formater, demain te conformer, voire te chloroformer.
Et
si tu te vends, moins cher que les Chinois, moins cher que ton voisin,
moins cher que tes parents, alors, seulement, peut-être, te
donnera-t-il le droit de t’employer dans ses usines à réalité.
Loïc Mayoux, étudiant du MUR et élu au CEVU
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