Lors
du Conseil d’administration du 17 juillet prochain, vous êtes
appelé-e-s à une « confirmation du vote des statuts du PRES »
entre Paris 8 et Paris 10. Ne nous y trompons pas : le vote du
CA du
11 mai dernier étant entaché d’irrégularités, il s’agit bien
d’un nouveau vote. C’est vous et vous seul-e-s qui adopterez,
peut-être, les statuts de ce PRES, et endosserez pour les années
à
venir la responsabilité de cette décision qui engage lourdement
l’avenir de notre université.
Puisque
les statuts du PRES n’ont à aucun moment fait l’objet d’un
débat, notamment durant la campagne électorale qui a précédé
votre élection, nous tenons à vous rappeler les raisons de notre
opposition à ce projet.
Bien
que cela nous semble nécessaire, nous ne discutons pas ici de
l’opportunité d’un PRES en général, mais bien des statuts
particuliers qui sont soumis à votre approbation. On vous a
peut-être dit, comme à nous, que 90% du cadre est contraint par
la
loi : il vous sera facile de comparer le contenu des quelques
lignes
que le Code de la recherche y consacre
(http://airap8.free.fr/spip.php?article53)
avec les 8 pages pleines qui vous sont communiquées. Vous verrez
alors que la forme adoptée pour notre PRES est particulièrement
dure et antidémocratique.
1.
Le nom du PRES
C’est
le plus anecdotique, mais que pensez-vous de baptiser un PRES
« Université », concurrençant ainsi l’appellation et
la fonction des deux membres fondateurs ? D’éloigner le spectre
de
la banlieue en le nommant « Paris » et en abritant son
siège de l’autre côté du périphérique ? De l’appeler
« Lumières », quoique celles-ci comprennent avec
l’esclavage et la colonisation une part d’obscurité que,
précisément, une institution comme Paris 8 a pu contribuer à
mettre en relief ?
2.
Les missions du PRES
Où
est-il écrit qu’un PRES devrait nécessairement comprendre des
diplômes ? Des diplômes de formation initiale qui plus est
(article
4) ? Voudrait-on créer des filières sélectives aux droits
d’inscription prohibitifs qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
En même temps qu’on veut nous rassurer, on nous donne en exemple
le projet de Collège international des études politiques, qui
justement prévoit de recruter ses étudiant-e-s par le biais
d’une
sélection durant le cursus de licence.
Quels
garde-fous ? Rien n’est dit, dans les statuts, des modalités par
lesquelles on déciderait du transfert d’un diplôme d’une des
deux universités vers le PRES. Sans doute est-ce renvoyé au
règlement intérieur (cf. point 5) ?
3.
Le gouvernement du PRES
Pourquoi
le ou la président-e du PRES devrait-il/elle être élu-e pour 4
ans
renouvelable une fois (article 7), alors que la plupart des
autres
PRES ont choisi des mandats plus courts ? Pourquoi les deux
tiers des
membres du Conseil d’administration devraient-ils être désignés
plutôt qu’élus
(article 8, le reste étant concédé aux représentant-e-s des
étudiant-e-s, BIATOSS et enseignant-e-s-chercheur-e-s), alors
que le
Code de la recherche est silencieux sur ce point ? Pourquoi
est-ce ce
même conseil d’administration à la configuration si peu
démocratique qui choisirait, seul, d’augmenter ses propres
pouvoirs (article 10) ?
4.
Les moyens du PRES
Pourquoi
est-ce ce même conseil d’administration du PRES qui déciderait
du
montant de la contribution financière réclamée aux universités
(article 19), plutôt que les universités elles-mêmes ? En quoi
veut-on nous transformer en décidant que le PRES pourra avoir
des
participations et des filiales (pas des filières, mais bien des
filiales ! articles 4 et 10) ? Espère-t-on pouvoir payer nos
salaires avec des dividendes perçus sur le dos d’autres
salarié-e-s ?
Que
dire encore des risques de voir ce PRES entraîner des fusions de
formations ou de composantes ? Nos deux universités n’auraient
plus leur mot à dire avec de tels statuts. Comment croire que le
Ministère acceptera que ces regroupements ne s'accompagnent pas
d'une "rationalisation" et d'une "optimisation"
(en clair, d'une réduction) des effectifs de la fonction
publique.
La
suppression pure et simple de ces postes d’enseignants et de
Biatoss signifie que ces collègues devront à leur tour se
débrouiller seuls pour retrouver un poste ailleurs que dans leur
université d’origine. Rappelons simplement qu'ils auront deux
ans
maximum pour retrouver un poste et, dans le cas contraire,
perdre
leur statut de fonctionnaire.
5.
Mais attendons de voir le règlement intérieur ?
Lorsqu’on
conteste, on nous renvoie à une discussion ultérieure sur le
règlement intérieur, supposé aplanir tous les différends. N’ayez
pas peur du conseil d’administration du PRES, car il sera
encadré,
nous dit-on.
Mais
que reste-t-il à régler ou encadrer, quand des statuts sont
aussi
clairs ? Quelques éléments de mécanique de l’institution, mais
pas les principes qui la guideront. Et surtout : qui fait le
règlement intérieur ? Le conseil d’administration du PRES. Tout
le conseil d’administration du PRES ? Même pas : seuls ses
membres
désignés (article 24). Comptez-vous sur eux pour limiter leurs
propres pouvoirs ?
Ce
sont des questions que nous posons depuis maintenant plus de
deux
mois. Jamais nous n’avons eu de réponse. Il était peut-être plus
commode d’attaquer la manière dont elles étaient exprimées.
Nous
continuons à affirmer la nécessité d'un débat préparatoire
relatif à la mise en place d'un PRES. Nous ne devons pas faire
l’économie de ce dernier ; tous ensemble nous devons réfléchir à
cet avenir, comment élaborer sérieusement le devenir de notre
communauté. Aucun changement ne peut s'opérer sans y associer
l'ensemble des acteurs de notre université. Un débat est plus
que
jamais indispensable pour restaurer la confiance et la
concertation.
Nouveaux
et nouvelles élu-e-s au CA, vous avez désormais la
responsabilité
de répondre à ces questions, et vous aurez la responsabilité d’y
répondre devant l’ensemble de la communauté universitaire durant
la durée de votre mandat.
Signataires
: Ferc sup-CGT, La Dionysoise, le M.U.R, NPA jeunes Paris 8,
SGEN-CDFT, SNASUB-FSU, SUD étudiants, des militants de
l'UNEF
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire