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Projet des nouveaux statuts de l'université (Conseils du 29 au 31 janvier 2014)
Version actuelle des statuts de Paris-Lumières (24/2/2014)
Lettre des présidents de Paris 8 et Paris 10 au ministère. Réponse de G. Fioraso aux présidents des universités françaises.
››› Commentaire de Pour Paris 8 !
Nouvelle loi : plus d'élection directe des membres des conseils d'administration des COMUE !
Pétition SLU contre la loi Fioraso (8045 signatures en quatre jours) ; Lettre à Benoit Hamon.

Á lire d'urgence : texte ministériel sur le "second programme d'investissement d'avenir" distinguant, par voie de concours, une dizaine d'établissements d'excellence (une dizaine d'universités ou d'écoles groupées et financées) et les autres. Commentaires

Diriger ou débattre

Il n'y a pas de vice-président à l'université Paris 8. Mais si, disent les universitaires, il y en a trois ! En réalité, dès la loi de 1984, ces trois personnes sont les vice-présidents des Conseils, et leur fonction, en cas d'absence du président de l'université – lequel est, par la loi, président des Conseils – est d'en organiser les débats ; ils ont pour mission, dans ce rôle, de les préparer avec l'aide d'un bureau, lui aussi élu par le Conseil.
De son coté, le président peut désigner (avec approbation du ou des conseils) des vice-présidents de l'université. Ils sont chargés de l'aider dans sa tâche. Dans certaines universités, ils se répartissent des groupes de disciplines – on eut dit, avant 68, des facultés (droit, médecine, sciences...). Souvent, il sont chargés d'une compétence précise : la recherche, les relations internationales, les ressources humaines, etc. Dans la récente université de Strasbourg, le premier vice-président est professeur à la Faculté de théologie catholique, et il y en a neuf autres : patrimoine, politique numérique, etc.
À Paris 8, un seul vice-président, le vice président étudiant, semble échapper à la logique institutionnelle en cours. Mais tout est fait pour diminuer sa compétence : il est élu par le CEVU, travaille avec le vice-président du CEVU, et s'il « participe à la mise en place de la politique d'établissement » c'est en matière de vie étudiante. Ajoutons, pour l'anecdote, que s'il a un problème personnel d'ordre administratif, personne ne cherche à le résoudre : « Adressez-vous à une assistance sociale ».
Que signifie ce mode de fonctionnement ? Guy Berger – l'un des 'fondateurs' de Vincennes, qui n'a cessé de participer à la vie et à la gestion de Paris 8 – en fait une analyse. Le système des trois Conseils, dans la loi Savary (1984) a été une sorte d'imitation du système vincennois des commissions. Ils constituent la partie législative du système (le Conseil d'administration hérite des fonctions du Conseil d'université) et la partie délibérative : le CA et les autres conseils sont chargés de préparer les décisions, et d'en débattre, en tachant de recueillir l'avis des différentes composantes de l'université.
Il y avait déjà une faille dans ce système : les objurgation ministérielles ne cessent de demander que l'on fasse en sorte que soient représentés dans les conseils ces différentes composantes : mais c'est aller contre la logique de la dimension représentative, l'élection étant organisée par liste.
Représentants d'une tendance et non d'une instance, les membres des conseils n'ont de compte à rendre qu'à ceux qui les ont élus, la liste, à condition qu'elle continue à exister, et qu'elle n'ait pas duré que quelques semaines, du début des candidatures à la mise en place des conseils. Et bien sûr, au contraire de ce qui se passait à Vincennes, personne d'autre que ses membres n'est autorisé à participer aux débats. Le représentant du Recteur l'a rappelé au Président Frioux, le menaçant d'annuler les décisions prises.
Dans cette situation, les trois conseils évoluent. Le Conseil scientifique s'occupe de la répartition des crédits de la recherche. Le CA, moins digne, ne peut qu'approuver. Le CEVU s'occupe de questions administratives mineures, et, quand on n'oublie pas de transmettre son avis, c'est au CA que le vrai débat est tenu et que la décision est prise.

Dès lors, les conseils deviennent un élément de la 'gouvernance'. Progressivement. Les liens établis à Vincennes entre les élus et les autres persistent un temps, même si la réorganisation administrative effectuée par Francine Demichel renforce les organes centraux. Des efforts sont faits pour maintenir des moments de débats moins restreints, en organisant des Assises, des Séminaires. Des pratiques survivent : on peut jusqu'à la présidence Lunel aller voir le Président, seul ou en groupe, voire en délégation.
Le caractère long et progressif de cette évolution contribue à rendre normal le fonctionnement aujourd'hui établi : il y a un ensemble de gouvernement, et les vice-présidents en font partie. Comme des ministres, ils se taisent ou ils s'en vont. Quant aux conseils, impliqués par des déluges de rapports, de conventions, de décisions déjà prises ou incompréhensibles (Apogée), ils suivent.
Face à cet ensemble de compétents, que font les autres ? Non seulement ils se taisent, se réfugiant dans leurs travaux administratifs ou de recherche, mais ils ont peur de parler.

...Triste évolution.

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